• la vie est en train de s’effondrer sur Terre. Nous avons détruit en quelques années, semble-t’il, les deux tiers des populations d’insectes. Nous avons détruit en quelques décennies les deux tiers des populations de mammifères sauvages et des poissons d’eau douce. Nous avons détruit en quelques millénaires les deux tiers des arbres. Les spécialistes évoquent, et les mots ont un sens, un anéantissement biologique global. Vous le savez, donc je n’y reviens pas.
• le monde d’Elon Musk, c’est-à-dire celui qui est en train de s’échafauder, où les satellites artificiels ont remplacé les étoiles, ne mérite plus d’être vécu, ne mérite plus d’être habité.
• Mais pour reprendre les mots d’Arthur Keller, ne pensez-vous pas que réduire les émissions de gaz à effet de serre c’est aussi un peu prendre du Doliprane contre le mal de tête qui masque en réalité une tumeur létale qui se développe de façon totalement indépendante des antalgiques ?
• Sincèrement moi le climat je m’en fiche un peu. C’est un symptôme, ce n’est pas une cause. Il est essentiel de garder à l’esprit, et je suis sûr que même les gens informés dans cette salle ne le savent pas tous, que même sans un seul degré de réchauffement climatique, nous serions quand même dans la sixième extinction massive qu’il conviendrait de nommer première extermination délibérée.
• Parce que, comme vous le savez, mais je le rappelle, l’acidification des océans, la pollution, l’artificialisation des sols, la disparition des espaces vierges, l’interruption des cycles bio-géochimiques, contribuent au moins autant à la chute de la vie sur Terre que le réchauffement global. Et je crois que la sur-focalisation sur le climat rate la dimension qui est fondamentalement plurifactorielle de notre situation.
• Voilà, on est dans une barque qui fuit de partout. On peut écoper, on peut mettre des rustines, mais je crois qu’en fait l’urgence c’est apprendre à nager.
• On n’est pas dans une crise, on est dans une catastrophe sans précédent.
• Tant que nous appelons croissance le fait de raser un espace saturé de vie pour le remplacer par un parking de supermarché (et c’est le cas aujourd’hui), le fait de savoir si les bulldozers qui détruisent tout marchent au solaire, au nucléaire ou au fioul, n’a fondamentalement pas grande importance.
• Cessons de croire au miracle ingénérique pour tous. La techno essentiellement c’est une partie du problème. Ce n’est pas la solution. Augmenter la dose d’alcool quand on est ivre ça guérit rarement.
• je crois que ce qui compte c’est de réinscrire ces phénomènes dans une pensée de la finalité et de raisonner de façon globale.
• N’oubliez pas que le capitalisme est un épiphénomène, même à l’échelle de l’histoire humaine. C’est un symptôme parmi d’autres d’un système de valeurs qui le rend possible
• aisser notre bilan carbone n’a aucun intérêt tant que notre système symbolique, sémiotique, axiologique et ontologique demeure ce qu’il est. Ontologique, c’est-à-dire relatif à l’être en tant qu’être.
• Vivre en mode mineur sur une ligne de fuite, ligne de fugue, en pirate du nomos, en cosmopoète du sensible, dirait Dénétem Touam Bona. Les passeurs dans leur condition d’humanimaux n’abolissent pas les frontières, comme dans la globalisation techno-nihiliste de notre société de surveillance, il les transgressent en ouvrant cosmos au chaos. Ce ne sont pas des grands sages, comme voudrait le croire la mystique occidentale, ce sont les maîtres du désordre qui préviennent contre l’asphyxie du monde.
• Toute la cosmo-politique indigène repose sur un réseau hétérogène de liens entre vivants humains et non-humains.
• En ancien français "engigneor" ça signifie constructeur de machines de guerre. Parfois les mots parlent pour nous.
• Plus qu’un changement de paradigme, c’est une révolution du désir dont il est question. Du désir au sens deleuzien, c’est-à-dire en tant que valeur propre, et non pas comme simple mode d’accès au plaisir.

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• On les appelle les « élus », traduisant ainsi en termes politiques une vieille notion religieuse, et ils forment en ce sens une véritable élite hiérarchique, malgré leur prétention de parler « au nom du Peuple ». Ils ne sont pas « le Peuple ». Ce sont, au mieux, ses « représentants », ce qui les met à part de celui-ci, et au pire, ses manipulateurs, ce qui les met en travers de la volonté du peuple. Souvent, ce sont des spéculateurs, des émissaires des grandes entreprises, des classes dirigeantes et des lobbies en tout genre.